27 mars 2016

Le Seigneur est réellement ressuscité !

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Le témoignage des adversaires

Si un garçon dit que son père est le meilleur nageur du monde, son témoignage peut être vrai, mais nous accepterons certainement son avis, qu’avec beaucoup de réserve. Puisque le fils aime son papa, son témoignage peut être facilement teinté par l’affection qu’il a pour son père. Par contre, si un champion du monde de natation nous dit qu’il n’est plus le meilleur nageur du monde parce qu’il a été battu par le père du garçon lors de la dernière compétition, nous accepterons plus facilement son témoignage, car il n’a pas nécessairement d’affection pour le père du garçon et de plus, il doit certainement en vouloir à cet homme, responsable de sa défaite.

Le tombeau vide n’est pas seulement attesté par les sources chrétiennes. Les adversaires de Jésus l’admettent aussi, bien qu’indirectement. Les premiers contestateurs de la résurrection de Jésus n’ont pas présenté un tombeau avec le corps mort de Christ, mais ils ont accusé les disciples de Jésus d’avoir volé son corps :

Ceux-ci, après s'être assemblés avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme d'argent, en disant : Dites : Ses disciples sont venus de nuit le dérober, pendant que nous dormions.

Matthieu 28.12-13

Justin de Naplouse, apologète et philosophe chrétien qui a vécu au début du IIe siècle, dans son ouvrage « Dialogue avec le Juif Tryphon », évoque la même accusation de vol du corps de Jésus par ses disciples :

Non-seulement vous n'avez pas fait pénitence quand vous avec su qu'il était vraiment ressuscité, mais encore, ainsi que je vous l'ai déjà reproché, vous avez préposé des hommes de votre choix pour aller publier par toute la terre qu'un imposteur du nom de Jésus avait formé une secte d'hommes impies et sans loi ; que ce Jésus avait été crucifié, et que ses disciples l'avaient enlevé pendant la nuit du tombeau où il avait été déposé après qu'on l'eut détaché de la croix ; qu'ils trompèrent les hommes en publiant qu'il était ressuscité d'entre les morts et monté au ciel. Vous n'avez pas craint d'ajouter que ce Jésus enseignait lui-même, je ne sais quels dogmes impies, affreux, exécrables, dogmes que vous inventez et que vous débitez partout pour soulever l'indignation publique contre ceux qui professent que Jésus est vraiment le Christ, le maître par excellence, le fils de Dieu.

Justin de Naplouse, Dialogue de saint Justin avec le Juif Tryphon, Chapitre 108

Tertullien, un des pères de l’église a écrit au début de IIIe siècle :

Mais non, j'aime mieux attacher un insatiable regard sur ces monstres d'inhumanité qui s'attaquèrent autrefois au Seigneur : « Le voilà, leur dirai-je, ce fils d'un charpentier ou d'une mère qui vivait du travail de ses mains ! Le voilà ce destructeur du sabbat, ce Samaritain, ce possédé du démon ! Le voilà celui que vous avez acheté du perfide Judas ; celui que vous avez déchiré sous vos coups, insulté par vos soufflets, déshonoré par vos crachats, abreuvé de fiel et de vinaigre ! Le voilà celui que ses disciples ont dérobé secrètement pour propager le mensonge de sa résurrection, ou qu'un jardinier a déterré furtivement, afin d'empêcher sans doute que les laitues de son jardin ne fussent foulées aux pieds par la multitude des passants.

Tertullien, Contre les spectacles, Chapitre 30

La toute première opposition contre la résurrection de Jésus du côté de ses adversaires, cible l’absence du corps dans le tombeau. Ces données doivent être jugées comme dignes de confiance puisqu’elles proviennent de la partie hostile aux chrétiens. Selon D. van Daalen :

Pour des raisons historiques, il est extrêmement difficile de soulever une objection contre le tombeau vide ; ceux qui le nient le font en fonction de suppositions théologiques ou philosophiques.

D. van Daalen, The Real Resurrection, London, Collins, 1972
La découverte du tombeau vide par les femmes

Si l'on invente une histoire dans le but de convaincre quelqu’un, on n’utilisera certainement pas des détails nuisant à la crédibilité de cette histoire. Ou si l'on invente par exemple lors d’un entretien d’embauche, que l’on possède déjà une expérience dans le domaine de l’emploi pour lequel on postule, on ne rajoutera certainement pas que cette expérience fut mauvaise ! Cela ne persuaderait aucunement le recruteur.

Pourtant, quand nous regardons les récits des évangiles, ce sont les femmes qui ont découvert le tombeau vide. Les hommes arrivent seulement plus tard sur la scène. Cela serait une invention fortement contreproductive puisque dans la culture juive, comme dans la culture romaine, les femmes et leurs témoignages étaient considérés comme inférieurs à ceux des hommes. Pour bien comprendre ce point, il faut rappeler la place des femmes dans la société juive du première siècle :

Mieux vaut brûler les paroles de la loi que de les remettre à une femme.

Talmud, Sotah 19a

Heureux l’homme qui a des fils, mais malheureux celui que a des filles.

Talmud, Kiddushin 82b

On ne se fiera pas à un témoin unique ; il en faut trois ou au moins deux dont le témoignage sera garanti par leur vie passée. Les femmes ne rendront pas de témoignage, à cause de la légèreté et de la témérité de leur sexe.

Josèphe Falvius, Antiquités judaïques, Livre VI, Chapitre 8

Compte tenu du fait que les disciples de Jésus étaient Juifs, cette information nous aide à comprendre le contexte de Luc 24.11 : « Ils tinrent ces discours pour des rêveries, et ils ne crurent pas ces femmes. » Le mot traduit par « rêverie » en grec λῆρος (lēros) signifie littéralement « folie » ou « sottises ».

A la lumière de ces faits, cela devrait plutôt sembler incroyable que dans tous les quatre évangiles, nous voyons des femmes découvrir le tombeau de Jésus vide. Un récit inventé ou une légende plus tardive aurait certainement donné la préférence aux hommes, comme Pierre et Jean, pour la découverte du tombeau vide. Mais le fait que, dans chacun de ces quatre récits, l’on n’ait pas nommé des hommes mais des femmes comme témoins principaux du tombeau vide (alors qu’elles n’étaient pas considérées comme des témoins valables), s’explique le mieux par le fait, qu’on l’accepte ou non, que ce sont bien des femmes qui ont découvert le tombeau vide. Les auteurs des évangiles rapportent simplement ce qui était arrivé, même si pour eux, ce fait était plutôt défavorable et embarrassant.

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