27 mars 2016

Le Seigneur est réellement ressuscité !

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La tradition orale de l’église primitive

Une des raisons principales pour laquelle les érudits ont réexaminé leur attitude vis-à-vis de l’apparition de Jésus après sa mort, c’est un regard nouveau sur la tradition orale de l’église primitive que l’on retrouve dans la première épitre de Paul à l’église de Corinthe. Joachim Jeremias, érudit allemand du Nouveau Testament, est convaincu que l’apôtre Paul cite dans 1 Corinthiens 15.3-7, une vieille tradition chrétienne, ou un « credo », qu’il a reçu et transmis par la suite à ses disciples. Paul a écrit :

Je vous ai enseigné avant tout, comme je l'avais aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures ; qu'il a été enseveli, et qu'il est ressuscité le troisième jour, selon les écritures ; et qu'il est apparu à Céphas, puis aux douze. Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart sont encore vivants, et dont quelques-uns sont morts. Ensuite, il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres.

1 Corinthiens 15.3-7

Dans sa lettre aux églises de Galatie, Paul raconte qu’il était à Jérusalem en mission de recherche, trois ans après sa conversion sur le chemin de Damas. A cette occasion, il a pu s’entretenir pendant près de deux semaines avec Pierre et Jacques (Galates 1.18-19) ; il a probablement reçu cette tradition à ce moment-là ou même avant. Etant donné que Jésus a été crucifié en l’an 30, et que Paul s’est converti en l’an 33, on peut en conclure que la liste des témoins cités, remonte à moins de cinq ans après la mort de Jésus et qu'elle était vérifiable par les auditeurs.

Au regard de cette proximité temporelle des témoignages de l’événement, on peut certainement exclure toute sorte de développement légendaire. On ne peut nier le fait que les disciples aient vu Jésus ressuscité ; à la rigueur on pourrait qualifier ces apparitions d'hallucinations collectives, mais les renseignements fournis par Paul nous assurent que divers groupes et personnes ont vu Jésus vivant après sa mort. Même Gerd Lüdemann, sceptique allemand et critique du Nouveau Testament, a dit :

Historiquement, on peut être certain qu’après la mort de Jésus, Pierre et les disciples ont vécu des expériences où Jésus s’est réellement manifesté à eux comme le Christ ressuscité.

Gerd Lüdemann, Die Auferstehung Jesu. Historie, Erfahrung, Theologie

Cette conclusion est aujourd’hui quasiment incontestable parmi les érudits.

Les évangiles et les écrits des pères de l’église

Les évangiles sont les sources qu’on ne peut pas ignorer quant à l’investigation de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus de Nazareth. Peu importe le niveau de scepticisme de la critique des évangiles, il est cependant bien accepté aujourd’hui que les quatre évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean, datent du premier siècle. On trouve le récit de la résurrection de Jésus dans les quatre évangiles (Matthieu 28.6-7 ; Marc 16.6 ; Luc 24.6, 34 ; Jean 21.14) ainsi que dans le livre des Actes qui présente la suite de l’évangile de Luc (Actes 2.24,32 ; Actes 3.15 ; Actes 4.10 ; Actes 5.30-32 ; Actes 10.40-41 ; Actes 13.30-31). Ici nous avons des données historiques éloignées seulement par quelques décennies de l’événement qu’elles attestent. Ces récits pouvaient donc facilement être prouvées ou réfutées étant donné que les témoins oculaires des événements existaient encore.

Les pères de l’église étaient des successeurs des apôtres. Certains d’entre eux connaissaient personnellement les disciples de Jésus et étaient instruits par eux ou par des proches des apôtres. C’est pourquoi nous pouvons fortement supposer que leur enseignement provenait directement des disciples de Jésus, témoins oculaires de sa mort et de sa résurrection.

Clément, évêque de Rome de la fin du Ier siècle, auquel Paul fait probablement référence dans sa lettre aux Philippiens 4.3, devait connaitre les disciples de Jésus personnellement. Voici ce qu’il écrit dans sa première épître :

Les Apôtres nous ont annoncé la bonne nouvelle de la part de Jésus-Christ. Jésus-Christ a été envoyé par Dieu. Le Christ vient donc de Dieu et les Apôtres du Christ. Cette double mission elle-même, avec son ordre, vient donc de la volonté de Dieu. Munis des instructions de Notre Seigneur Jésus-Christ, pleinement convaincus par sa résurrection, et affermis dans leur foi en la parole de Dieu, les Apôtres allaient, tout remplis de l'assurance que donne le Saint-Esprit, annoncer partout la bonne nouvelle de la venue du Royaume des cieux.

Clément de Rome, Epître de Clément de Rome aux Corinthiens, Chapitre 42

Selon Clément, la résurrection de Jésus faisait partie intégrante de l’enseignement des apôtres.

Un autre père de l’église, Irénée de Lyon (130 - 202) a écrit :

Partout où se rencontrent les mots « siècle » ou « siècles », ils veulent qu'il y soit question des Eons. L'émission de la Dodécade d'Eons est indiquée par le fait qu'à douze ans le Seigneur a discuté avec les docteurs de la Loi, comme aussi par le choix des apôtres car ceux-ci furent au nombre de douze. Quant aux dix-huit autres Eons, ils sont manifestés par le fait que le Seigneur, après sa résurrection d'entre les morts, a vécu durant dix-huit mois — c'est du moins ce qu'ils disent — avec ses disciples. Les deux premières lettres du nom de Jésus, à savoir iota (= 10) et êta (= 8), indiquent aussi clairement les dix-huit Eons. De même les dix Eons sont signifiés, disent-ils, par la lettre iota (= 10), qui est la première de son nom. Et c'est pour ce motif que le Sauveur a dit : « Pas un seul iota ni un seul petit trait ne passera, que tout n'ait eu lieu.

Irénée de Lyon, Contre les hérésies, Livre I

Laissant de côté l’exégèse influencée par la gematria hébraïque et le gnosticisme, Irénée affirme la résurrection de Jésus d’entre les morts. Certains pourraient soulever l’objection qu’Irénée n’a connu ni Jésus ni les apôtres, c’est pourquoi nous ne considérerons pas son témoignage comme approuvé par la majorité des érudits. Par contre, Irénée nous donne des informations importantes sur Polycarpe de Smyrne :

Et c'est là une preuve très complète qu'elle est une et identique à elle-même, cette foi vivifiante qui, dans l'église, depuis les apôtres jusqu'à maintenant, s'est conservée et transmise dans la vérité. Mais on peut nommer également Polycarpe. Non seulement il fut disciple des apôtres et vécut avec beaucoup de gens qui avaient vu le Seigneur, mais c'est encore par des apôtres qu'il fut établi, pour l'Asie, comme évêque dans l'église de Smyrne. Nous-même l'avons vu dans notre prime jeunesse — car il vécut longtemps et c'est dans une vieillesse avancée que, après avoir rendu un glorieux et très éclatant témoignage, il sortit de cette vie —. Or il enseigna toujours la doctrine qu'il avait apprise des apôtres, doctrine qui est aussi celle que l'église transmet et qui est la seule vraie. C'est ce dont témoignent toutes les églises d'Asie et ceux qui jusqu'à ce jour ont succédé à Polycarpe, qui était un témoin de la vérité autrement digne de foi et sûr que Valentin, Marcion et tous les autres tenants d'opinions fausses.

Irénée de Lyon, Contre les hérésies, Livre III

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