27 mars 2016

Le Seigneur est réellement ressuscité !

Introduction

Chaque perception de la réalité revendique sa véracité sur la base de preuves. Ces preuves peuvent être soit des preuves intérieures qui sont ressenties, on les appelle subjectives, soit des preuves extérieures qui existent indépendamment du sujet, on les appelle objectives. Toutes deux sont des preuves valables, mais elles sont fondamentalement différentes.

Imaginons que Jean préfère la glace à la vanille. Pour lui, la glace à la vanille est réellement la meilleure glace du monde. Imaginons maintenant que Nathalie préfère la glace à la fraise. Pour elle, c’est cette glace qui est la meilleure du monde. Les deux revendications sont justes et vraies pour chacun d'eux, mais ce qui est vrai pour l’un ne l'est pas forcement pour l’autre. Chacun a sa vérité et aucun d'eux ne peut prétendre que son goût doit s’appliquer à tout le monde, parce que la base de leur revendication est subjective.

Par contre, si Nathalie dit que se nourrir uniquement de la glace n’est pas bien pour la santé, elle revendique une vérité qui ne dépend pas de ce qu’elle ressent, mais des effets physiques qu’une nourriture déséquilibrée peut produire sur le corps humain. Jean peut avoir une autre opinion sur ce sujet, mais s’il ne se nourrit que de glace, les conséquences sur sa santé seront réelles. La revendication de Nathalie ne dépend donc pas de preuves subjectives qui varient d’une personne à l’autre, mais de preuves objectives qui sont indépendantes et réelles pour chaque personne, car elles se trouvent à l’extérieur du sujet.

Remplaçons maintenant dans notre exemple « la glace » par « la foi ». Il semble qu'il soit tout à fait justifié de dire que notre foi est comme la glace : certains préfèrent l’Islam, d’autres le Christianisme, d’autres le Bouddhisme. Enfin, la foi, comme le goût, fait partie d’une expérience personnelle, intérieure, et ce qui est juste pour l’un ne l'est pas forcement pour l’autre.

Mais, est-il juste de penser que la véracité de la foi se base uniquement sur des preuves subjectives ? Est-ce que la foi de Nathalie ne repose que sur sa préférence personnelle qu'elle perçoit comme juste pour elle mais qui ne l'est pas nécessairement pour Jean ?

Bien que cela puisse surprendre beaucoup de personnes aujourd’hui, la foi chrétienne dès son origine, n’a pas revendiqué sa véracité par des preuves subjectives, mais par des preuves objectives et notamment par un événement historique qui peut être investigué, à savoir la résurrection de Jésus-Christ.

L’apôtre Paul va même si loin qu’il affirme :

Et si Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine.

1 Corinthiens 15.14

La véracité de la foi chrétienne est directement liée à la réalité de la résurrection de Christ. En fait, dans le passage de 1 Corinthiens 15.14, l’apôtre Paul lance un défi : Si Christ n’est pas ressuscité, le Christianisme est objectivement faux, et ma foi personnelle n’y change rien aussi sincère qu’elle puisse l'être. Par contre, si Christ est réellement ressuscité, la foi chrétienne est objectivement vraie, indépendamment de mon attitude personnelle vis-à-vis du Christianisme.

Dans le film « La résurrection de Christ », Clavius, un officier romain, est confronté à la revendication des premiers chrétiens que Jésus de Nazareth est réellement ressuscité. Il est chargé par Ponce Pilate d'enquêter sur la disparition du corps de Jésus qui est mort sur la croix sous ses propres yeux. Suite à ses investigations, Clavius rencontre personnellement Jésus ressuscité et change d'attitude vis-à-vis des chrétiens et du Christ.

« La résurrection de Christ » est un film qui peut amener à la réflexion des personnes sceptiques par rapport à la foi chrétienne. L’histoire est racontée du point de vue d’un païen qui au début, ne croit pas à la résurrection mais qui peu à peu, commence à croire suite à ses recherches. Bien que le film relate assez fidèlement l’histoire de Christ entre sa crucifixion et son ascension au ciel, le personnage principal, Calvius, n’est qu’un personnage inventé. L’histoire de l’officier romain peut amener le spectateur à la conclusion que l’histoire de la résurrection présentée dans ce film, n’est qu’une invention du producteur du film, basée sur ses propres idées et sur certaines traditions chrétiennes. Si le réalisateur Kevin Reynolds et son héros principal Clavius voient l’histoire de la résurrection de Jésus de cette manière-là, rien n’oblige cependant le spectateur de l’accepter ainsi, comme présentée dans le film. Enfin, l'idée personnelle du réalisateur peut, comme pour la glace à la vanille, lui paraitre bonne, mais cela ne signifie pas pour autant que cela doit l'être pour moi.

Et pourtant, ceux qui se sont vraiment donné la peine d’investiguer la résurrection de Christ du point de vue historique, sont quasiment unanimes pour affirmer que Jésus de Nazareth est réellement revenu à la vie après son exécution et qu'il est apparu à ses disciples pendant 40 jours après sa résurrection.

Même ceux qui sont sceptiques vis-à-vis de la foi chrétienne l’admettent aujourd’hui. Pinchas Lapide, un des théologiens juifs les plus influents de notre temps, affirme être convaincu, sur base de preuves historiques, que Jésus de Nazareth était ressuscité des morts (Pinchas Lapide, Auferstehung. Ein jüdisches Glaubenserlebnis)

Est-ce que la résurrection de Jésus-Christ n’est qu’une revendication chrétienne basée sur l’opinion personnelle que chacun peut accepter ou rejeter ? Ou est-ce un événement historique que l’on peut investiguer sur la base de preuves objectives, et qui est vrai indépendamment de notre opinion ?

Cet article est écrit pour ceux qui ont des doutes concernant l’historicité de la résurrection de Christ et l’objectivité des preuves de cet événement. Il est aussi adressé aux chrétiens qui cherchent des arguments pour défendre leur foi dans le Christ ressuscité ou pour présenter la foi chrétienne à un public sceptique.

Les données historiques prises en considération ici, devront satisfaire deux critères :

Toutes les sources citées sont traduites en français.

Nous allons examiner ces données au regard des quatre preuves suivantes :

  1. La mort de Jésus ;
  2. Les apparitions de Jésus après sa mort ;
  3. Le tombeau vide ;
  4. L’origine de la foi chrétienne.

La Mort de Jésus

La mort de Jésus suite à la crucifixion, est bien attestée dans les écrits du Nouveau Testament. Mais plusieurs sources extrabibliques mentionnent également la mort de Jésus de Nazareth. Flavius Josèphe, historiographe judéen de la deuxième moitié du premier siècle et d'origine juive, a écrit :

Vers le même temps vint Jésus, homme sage, si toutefois il faut l'appeler un homme. Car il était un faiseur de miracles et le maître des hommes qui reçoivent avec joie la vérité. Et il attira à lui beaucoup de Juifs et beaucoup de Grecs. C'était le Christ. Et lorsque sur la dénonciation de nos premiers citoyens, Pilate l'eut condamné à la crucifixion, ceux qui l'avaient d'abord chéri ne cessèrent pas de le faire, car il leur apparut trois jours après être ressuscité, alors que les prophètes divins avaient annoncé cela et mille autres merveilles à son sujet. Jusqu'à maintenant encore, le groupe des chrétiens, ainsi nommé après lui, n'a pas disparu.

Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, Livre XVIII

Certes, on peut mettre en doute l’authenticité de ce passage. Comme Voltaire l’a bien remarqué, « si Josèphe l’avait cru Christ, il aurait donc été chrétien » (Voltaire, Dictionnaire philosophique, rubrique « Christianisme »). Mais ne soyons pas trop rapides à juger le passage entier de Josèphe comme une interpolation chrétienne rajoutée au IVe ou Ve siècle. Il est plus probable que le texte ne serait que partiellement remanié : une fois les expressions à connotation chrétienne retirées, il apparaît un texte cohérent, conforme au style de Josèphe, où Jésus est simplement considéré comme « un homme sage ». C'est le point de vue de la majorité des spécialistes aujourd’hui. On peut dire avec certitude que le Testimonium Flavianum atteste la mort de Jésus de Nazareth suite à la crucifixion.

Un autre historien romain, Tacite a écrit vers 110 :

Mais aucun moyen humain, ni largesses impériales, ni cérémonies expiatoires ne faisaient taire le cri public qui accusait Néron d'avoir ordonné l'incendie. Pour apaiser ces rumeurs, il offrit d'autres coupables, et fit souffrir les tortures les plus raffinées à une classe d'hommes détestés pour leurs abominations et que le vulgaire appelait chrétiens. Ce nom leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Ponce Pilate. Réprimée un instant, cette exécrable superstition débordait de nouveau, non seulement dans la Judée où elle avait sa source, mais dans Rome même, où tout ce que le monde enferme d'infamies et d'horreurs, afflue et trouve des partisans.

Tacite, Annales, Livre XV, Chapitre 44

Lucien de Samosate, rhéteur et satiriste de Commagène en Anatolie, a écrit dans le deuxième siècle :

Ce n'est pas tout ; plusieurs villes d'Asie lui envoyèrent des députés au nom des Chrétiens, pour lui servir d'appuis, d'avocats et de consolateurs. On ne saurait croire leur empressement en de pareilles occurrences : pour tout dire, en un mot, rien ne leur coûte. Aussi, Pérégrinus sous le prétexte de sa prison, vit-il arriver de bonnes sommes d'argent et se fit-il un gros revenu. Ces malheureux se figurent qu'ils sont immortels et qu'ils vivront éternellement. En conséquence, ils méprisent les supplices et se livrent volontairement à la mort. Leur premier législateur les a encore persuadé qu'ils sont tous frères. Dès qu'ils ont une fois changé de culte, ils renoncent aux dieux des Grecs, et adorent le sophiste crucifié dont ils suivent les lois.

Lucien de Samosate, La Mort de Pérégrinus

Nous possédons aussi un manuscrit daté du VIIe siècle et qui est une lettre d’un père à son fils « Mara, fils de Sérapion, à Sérapion, mon fils, salut ! » :

Que devons-nous dire quand les sages sont conduits de force par des tyrans ? [...] Quel bénéfice les Athéniens ont-ils tiré de la mise à mort de Socrate, vu qu'ils ont reçu comme rétribution, la famine et la peste ? Ou les habitants de Samos en brûlant Pythagore, vu qu'en une heure tout leur pays a été couvert de sable ? Ou les Juifs du meurtre de leur roi sage, vu que de ce moment même, ils ont été privés de leur royaume ? Car Dieu a vengé avec justice la sagesse des trois : les Athéniens sont morts de famine ; les habitants de Samos ont été irrémédiablement recouverts par la mer ; et les Juifs, livrés à la désolation, expulsés de leur royaume, sont dispersés dans tous les pays. Socrate n'est pas mort, grâce à Platon ; Pythagore non plus, grâce à la statue d'Héra ; et le roi sage non plus, grâce aux nouvelles lois qu'il a établies.

Mara bar Sérapion, Manuscrit de la British Library, le Ms. Add. 14 658

La majorité des spécialistes sont d’accord pour dire que le « roi sage » des Juifs qui a été mis à mort mais qui a aussi laissé des lois, désigne Jésus de Nazareth, évoqué dans des termes non chrétiens.

Un autre document qui atteste la mort de Jésus de Nazareth, se trouve dans le Talmud :

En ces jours-là, il y eut de nombreux combats et de grandes dissensions en Judée entre les Pharisiens et les « brigands » en Israël qui suivirent Jeshu’ah ben Pandera le Nasoréen qui fit de grands miracles en Israël jusqu’à ce que les Pharisiens l’aient vaincu et le pendirent sur un poteau.

Talmud, Sanhedrin 67a, MS Hébraïque 1280, fol. 123 v, BNF

La veille de Pâques, on a pendu Yéshu (Jésus). Pendant les 40 jours qui précédèrent l’exécution, un héraut allait en criant : « Il sera lapidé parce qu’il a pratiqué la magie et trompé et égaré Israël. Si quiconque a quelque chose à dire en sa faveur qu’il s’avance en son nom. » Mais on ne trouva personne qui témoignât en sa faveur et on le pendit la veille de Pâques.

Talmud, Sanhédrin 43a

Etant donné la brutalité de la flagellation et de la crucifixion qui s’en suivait, il est certain d’un point de vue historique, que Jésus était réellement mort avant sa mise au tombeau. Face aux multiples témoignages extrabibliques, même un sceptique comme John Dominic Crossan, cofondateur du controversé « Jesus Seminar », a dû conclure :

La crucifixion de Jésus est aussi certaine que n’importe quel fait historique peut l’être.

John Dominic Crossan, Jesus : A Revolutionary Biography

Les apparitions de Jésus après sa mort

Les disciples de Jésus revendiquaient que Jésus est ressuscité et qu’il leur a apparu après sa résurrection.

L’apparition de Jésus après sa mort est décrite dans neuf sources indépendantes que l’on peut regrouper en trois catégories : (1) le témoignage de Paul sur les disciples de Jésus ; (2) la tradition orale de l’église primitive ; (3) les évangiles et les écrits des pères de l’église.

Témoignage de Paul

Sans aucun doute, Paul était persuadé que les disciples de Jésus l’ont vu ressuscité. Paul affirme qu’il a connu certains apôtres notamment les trois grands : Pierre, Jean et Jacques (Galates 1.18-19 ; Galates 2.2-20). Le livre des Actes nous rapporte que les disciples de Jésus connaissaient aussi personnellement Paul (Actes 9.26-30 ; Actes 15.1-35). D’autres auteurs chrétiens du première siècle considéraient les disciples de Jésus et Paul comme collègues en les appelant tous « apôtres ».

Clément, évêque de Rome, a écrit à la fin du première siècle :

Mais laissons les exemples des anciens, et passons aux héros qui nous touchent de tout près ; prenons les généreux exemples que nous ont donnés des hommes de notre génération. C'est à cause de la jalousie et de l'envie que les plus grands et les plus justes d'entre eux, les colonnes, ont subi la persécution et combattu jusqu'à la mort. Oui, regardons les saints Apôtres : Pierre, victime d'une injuste jalousie subit non pas une ou deux, mais de nombreuses épreuves, et après avoir ainsi rendu son témoignage, il s'en est allé au séjour de la gloire, où l'avait conduit son mérite. C’est par suite de la jalousie et de la discorde que Paul a montré quel est le prix de la patience : chargé sept fois de chaînes, exilé, lapidé, il devint héraut du Seigneur au levant et au couchant, et reçut pour prix de sa foi, une gloire éclatante. Après avoir enseigné la justice au monde entier, jusqu'aux bornes du couchant, il a rendu son témoignage devant les autorités et c'est ainsi qu'il a quitté ce monde pour gagner le lieu saint, demeurant pour tous un illustre modèle de patience.

Clément de Rome, Epître de Clément de Rome aux Corinthiens, Chapitre 5

Un autre père de l’église, Polycarpe qui était un disciple direct de l'apôtre Jean et premier évêque de Smyrne, a écrit au début du IIe siècle :

Je vous exhorte donc tous à obéir à la parole de justice et à tenir ferme dans cette patience constante que vous avez vue de vos yeux, non seulement dans les bienheureux Ignace, Zosime et Rufus, mais aussi en d'autres qui étaient de chez vous, en Paul lui-même et dans les autres Apôtres ; persuadés que ceux-là n'ont pas couru en vain a , mais dans la foi et la justice, et qu'ils sont dans le lieu qui leur était dû près du Seigneur avec qui ils ont souffert. Car ce n'est pas le siècle présent qu'ils ont aimé, mais celui qui est mort pour nous, et qui, à cause de nous, est ressuscité sous l'action de Dieu.

Polycarpe de Smyrne, Epître aux Philippiens, chapitre 9

Ignace d’Antioche qui était probablement disciple direct des apôtres Pierre et Jean, a écrit vers 100 après J.-C. :

Je sais qui je suis et à qui j’écris : moi je suis un condamné ; vous, vous avez obtenu miséricorde ; moi, je suis dans le danger ; vous, vous êtes affermis. Vous êtes le chemin par où passent ceux qui sont conduits à la mort pour aller à Dieu, initiés aux mystères avec Paul le saint, qui a reçu témoignage, et est digne d’être appelé bienheureux. Puissé-je être trouvé sur ses traces quand j’obtiendrai Dieu; dans toutes ses lettres, il se souvient de vous dans le Christ Jésus.

Ignace d’Antioche, Epître aux Ephésiens, chapitre 12

Flattez plutôt les bêtes, pour qu’elles soient mon tombeau, et qu’elles ne laissent rien de mon corps, pour que, dans mon dernier sommeil, je ne sois à charge à personne. C’est alors que je serai vraiment disciple de Jésus Christ, quand le monde ne verra même plus mon corps. Implorez le Christ pour moi, pour que, par l’instrument des bêtes, je sois une victime offerte à Dieu. Je ne vous donne pas des ordres comme Pierre et Paul : eux, ils étaient libres, et moi jusqu’à présent un esclave. Mais si je souffre, je serai un affranchi de Jésus Christ et je renaîtrai en lui, libre. Maintenant enchaîné, j’apprends à ne rien désirer.

Ignace d’Antioche, Epître aux Romains, chapitre 4

Après avoir écrit sur la résurrection de Jésus dans 1 Corinthiens 15.3-8, Paul dit qu’il a travaillé plus que tous (1 Corinthiens 15.10), mais « que ce soit moi, que ce soient eux, voilà ce que nous prêchons (la résurrection de Jésus), et c’est ce que vous avez cru » (1 Corinthiens 15.11).

Paul connaissait donc personnellement les disciples de Jésus et il témoigne dans ses écrits que les apôtres affirmaient que Jésus est réellement ressuscité après sa mort sur la croix.

La tradition orale de l’église primitive

Une des raisons principales pour laquelle les érudits ont réexaminé leur attitude vis-à-vis de l’apparition de Jésus après sa mort, c’est un regard nouveau sur la tradition orale de l’église primitive que l’on retrouve dans la première épitre de Paul à l’église de Corinthe. Joachim Jeremias, érudit allemand du Nouveau Testament, est convaincu que l’apôtre Paul cite dans 1 Corinthiens 15.3-7, une vieille tradition chrétienne, ou un « credo », qu’il a reçu et transmis par la suite à ses disciples. Paul a écrit :

Je vous ai enseigné avant tout, comme je l'avais aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures ; qu'il a été enseveli, et qu'il est ressuscité le troisième jour, selon les écritures ; et qu'il est apparu à Céphas, puis aux douze. Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois, dont la plupart sont encore vivants, et dont quelques-uns sont morts. Ensuite, il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres.

1 Corinthiens 15.3-7

Dans sa lettre aux églises de Galatie, Paul raconte qu’il était à Jérusalem en mission de recherche, trois ans après sa conversion sur le chemin de Damas. A cette occasion, il a pu s’entretenir pendant près de deux semaines avec Pierre et Jacques (Galates 1.18-19) ; il a probablement reçu cette tradition à ce moment-là ou même avant. Etant donné que Jésus a été crucifié en l’an 30, et que Paul s’est converti en l’an 33, on peut en conclure que la liste des témoins cités, remonte à moins de cinq ans après la mort de Jésus et qu'elle était vérifiable par les auditeurs.

Au regard de cette proximité temporelle des témoignages de l’événement, on peut certainement exclure toute sorte de développement légendaire. On ne peut nier le fait que les disciples aient vu Jésus ressuscité ; à la rigueur on pourrait qualifier ces apparitions d'hallucinations collectives, mais les renseignements fournis par Paul nous assurent que divers groupes et personnes ont vu Jésus vivant après sa mort. Même Gerd Lüdemann, sceptique allemand et critique du Nouveau Testament, a dit :

Historiquement, on peut être certain qu’après la mort de Jésus, Pierre et les disciples ont vécu des expériences où Jésus s’est réellement manifesté à eux comme le Christ ressuscité.

Gerd Lüdemann, Die Auferstehung Jesu. Historie, Erfahrung, Theologie

Cette conclusion est aujourd’hui quasiment incontestable parmi les érudits.

Les évangiles et les écrits des pères de l’église

Les évangiles sont les sources qu’on ne peut pas ignorer quant à l’investigation de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus de Nazareth. Peu importe le niveau de scepticisme de la critique des évangiles, il est cependant bien accepté aujourd’hui que les quatre évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean, datent du premier siècle. On trouve le récit de la résurrection de Jésus dans les quatre évangiles (Matthieu 28.6-7 ; Marc 16.6 ; Luc 24.6, 34 ; Jean 21.14) ainsi que dans le livre des Actes qui présente la suite de l’évangile de Luc (Actes 2.24,32 ; Actes 3.15 ; Actes 4.10 ; Actes 5.30-32 ; Actes 10.40-41 ; Actes 13.30-31). Ici nous avons des données historiques éloignées seulement par quelques décennies de l’événement qu’elles attestent. Ces récits pouvaient donc facilement être prouvées ou réfutées étant donné que les témoins oculaires des événements existaient encore.

Les pères de l’église étaient des successeurs des apôtres. Certains d’entre eux connaissaient personnellement les disciples de Jésus et étaient instruits par eux ou par des proches des apôtres. C’est pourquoi nous pouvons fortement supposer que leur enseignement provenait directement des disciples de Jésus, témoins oculaires de sa mort et de sa résurrection.

Clément, évêque de Rome de la fin du Ier siècle, auquel Paul fait probablement référence dans sa lettre aux Philippiens 4.3, devait connaitre les disciples de Jésus personnellement. Voici ce qu’il écrit dans sa première épître :

Les Apôtres nous ont annoncé la bonne nouvelle de la part de Jésus-Christ. Jésus-Christ a été envoyé par Dieu. Le Christ vient donc de Dieu et les Apôtres du Christ. Cette double mission elle-même, avec son ordre, vient donc de la volonté de Dieu. Munis des instructions de Notre Seigneur Jésus-Christ, pleinement convaincus par sa résurrection, et affermis dans leur foi en la parole de Dieu, les Apôtres allaient, tout remplis de l'assurance que donne le Saint-Esprit, annoncer partout la bonne nouvelle de la venue du Royaume des cieux.

Clément de Rome, Epître de Clément de Rome aux Corinthiens, Chapitre 42

Selon Clément, la résurrection de Jésus faisait partie intégrante de l’enseignement des apôtres.

Un autre père de l’église, Irénée de Lyon (130 - 202) a écrit :

Partout où se rencontrent les mots « siècle » ou « siècles », ils veulent qu'il y soit question des Eons. L'émission de la Dodécade d'Eons est indiquée par le fait qu'à douze ans le Seigneur a discuté avec les docteurs de la Loi, comme aussi par le choix des apôtres car ceux-ci furent au nombre de douze. Quant aux dix-huit autres Eons, ils sont manifestés par le fait que le Seigneur, après sa résurrection d'entre les morts, a vécu durant dix-huit mois — c'est du moins ce qu'ils disent — avec ses disciples. Les deux premières lettres du nom de Jésus, à savoir iota (= 10) et êta (= 8), indiquent aussi clairement les dix-huit Eons. De même les dix Eons sont signifiés, disent-ils, par la lettre iota (= 10), qui est la première de son nom. Et c'est pour ce motif que le Sauveur a dit : « Pas un seul iota ni un seul petit trait ne passera, que tout n'ait eu lieu.

Irénée de Lyon, Contre les hérésies, Livre I

Laissant de côté l’exégèse influencée par la gematria hébraïque et le gnosticisme, Irénée affirme la résurrection de Jésus d’entre les morts. Certains pourraient soulever l’objection qu’Irénée n’a connu ni Jésus ni les apôtres, c’est pourquoi nous ne considérerons pas son témoignage comme approuvé par la majorité des érudits. Par contre, Irénée nous donne des informations importantes sur Polycarpe de Smyrne :

Et c'est là une preuve très complète qu'elle est une et identique à elle-même, cette foi vivifiante qui, dans l'église, depuis les apôtres jusqu'à maintenant, s'est conservée et transmise dans la vérité. Mais on peut nommer également Polycarpe. Non seulement il fut disciple des apôtres et vécut avec beaucoup de gens qui avaient vu le Seigneur, mais c'est encore par des apôtres qu'il fut établi, pour l'Asie, comme évêque dans l'église de Smyrne. Nous-même l'avons vu dans notre prime jeunesse — car il vécut longtemps et c'est dans une vieillesse avancée que, après avoir rendu un glorieux et très éclatant témoignage, il sortit de cette vie —. Or il enseigna toujours la doctrine qu'il avait apprise des apôtres, doctrine qui est aussi celle que l'église transmet et qui est la seule vraie. C'est ce dont témoignent toutes les églises d'Asie et ceux qui jusqu'à ce jour ont succédé à Polycarpe, qui était un témoin de la vérité autrement digne de foi et sûr que Valentin, Marcion et tous les autres tenants d'opinions fausses.

Irénée de Lyon, Contre les hérésies, Livre III

Polycarpe de Smyrne, qui selon Irénée a connu les apôtres personnellement, mentionne à quatre reprises la résurrection de Jésus dans son épître à l’église de Philippes :

...Et je me réjouis de ce que la racine vigoureuse de votre foi, dont on parle depuis les temps anciens, subsiste jusqu'à maintenant et porte des fruits en Notre Seigneur Jésus-Christ, qui a accepté pour nos péchés d'aller au-devant de la mort, que Dieu a ressuscité, le délivrant des douleurs de l'enfer ; sans le voir, vous croyez en lui, avec une joie ineffable et glorieuse, à laquelle, beaucoup désirent parvenir, sachant que c'est par grâce que vous êtes sauvés, non par des œuvres, mais par la volonté de Dieu par Jésus-Christ.

Polycarpe de Smyrne, Lettre aux Philippiens, Chapitre 1

C'est pourquoi ceignez vos reins et servez Dieu dans la crainte et en vérité, laissant de côté les vains bavardages, et l'erreur des foules, croyant en celui qui a ressuscité notre Seigneur Jésus-Christ d'entre les morts, et lui a donné la gloire et un trône à sa droite...

Polycarpe de Smyrne, Lettre aux Philippiens, Chapitre 2

...Car ce n'est pas le siècle présent qu'ils ont aimé, mais celui qui est mort pour nous, et qui, à cause de nous, est ressuscité sous l'action de Dieu.

Polycarpe de Smyrne, Lettre aux Philippiens, Chapitre 9

...qu'il vous donne part à l'héritage de ses saints, et à nous-mêmes avec vous, et à tous ceux qui sont sous le ciel, qui croient en notre Seigneur Jésus-Christ et en son Père qui l'a ressuscité d'entre les morts...

Polycarpe de Smyrne, Lettre aux Philippiens, Chapitre 12

Nous disposons donc des écrits de Paul qui connaissait personnellement les apôtres et ceux d’autres témoins oculaires de la résurrection de Jésus.

Dans son première épître à l’église de Corinthe, Paul cite la tradition orale qu’il a reçu des apôtres et dans laquelle, la résurrection de Jésus fait partie du credo chrétien (1 Corinthiens 15.4).

Dans le livre des Actes nous trouvons plusieurs prédications des apôtres qui affirment la résurrection de Jésus d’entre les morts. Ces sermons faisaient certainement partie de la tradition orale de l’époque où Luc les a mis par écrit suite à ses recherches personnelles.

Les quatre évangiles attestent unanimement de la résurrection de Jésus. On ne peut pas négliger ces écrits en tant que documents historiques puisqu’ils furent rédigés juste quelques années après les événements qu'ils évoquent. Ils sont donc très fiables par leur récit. Dans l’évangile de Marc par exemple, le souverain sacrificateur Caïphe, au pouvoir de 18 à 37 ap. J-C, n’est jamais mentionné par son nom car il était contemporain de cette époque. C’est comme si aujourd'hui l’on disait « le Président de la République ». Tout le monde saurait que l'on parle de François Hollande puisque c’est lui qui est au pouvoir actuellement. Ainsi, nous pouvons conclure que Marc utilise dans son évangile, une source qui remonte aux premières années de l’église de Jérusalem.

Une autre preuve de l’authenticité historique des évangiles se trouve dans la simplicité avec laquelle les événements sont décrits. Le récit de la résurrection n’est pas teinté de thèmes théologiques et apologétiques qui sont caractéristiques dans un récit légendaire tardif. Voici ce qu’on peut lire dans l’évangile de Marc :

Lorsque le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des aromates, afin d'aller embaumer Jésus. Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre, de grand matin, comme le soleil venait de se lever. Elles disaient entre elles : Qui nous roulera la pierre loin de l'entrée du sépulcre ? Et, levant les yeux, elles aperçurent que la pierre, qui était très grande, avait été roulée. Elles entrèrent dans le sépulcre, virent un jeune homme assis à droite vêtu d'une robe blanche, et elles furent épouvantées. Il leur dit : Ne vous épouvantez pas; vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié ; il est ressuscité, il n'est point ici ; voici le lieu où on l'avait mis. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il vous précède en Galilée : c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit. Elles sortirent du sépulcre et s'enfuirent. La peur et le trouble les avaient saisies; et elles ne dirent rien à personne, à cause de leur effroi.

Marc 16.1-8

Si l’on compare ce passage avec le passage parallèle dans le soi-disant « évangile de Pierre » datant du milieu de IIe siècle, on voit nettement la différence entre les deux :

Dans la nuit qui précéda le dimanche, tandis que les soldats relevaient la garde, deux par deux, une grande voix retentit dans le ciel. Et ils virent s'ouvrir les cieux et deux hommes, nimbés de lumière, en descendre et s’approcher du tombeau. La pierre qui avait été placée à la porte roula d'elle-même, et se rangea de côté, et le tombeau s'ouvrit et les deux jeunes gens entrèrent. A cette vue, les soldats réveillèrent le centurion et les Anciens, qui étaient là, eux aussi à monter la garde. Et quand ils leurs eurent raconté ce qu'ils avaient vu, ils virent à nouveau trois hommes sortir du tombeau ; deux d'entre eux soutenaient le troisième et une croix les suivait. Et tandis que la tête des deux premiers atteignait le ciel, celle de l'homme qu’ils conduisaient par la main dépassait les cieux. Et l’on entendit une voix disant des cieux « As-tu annoncé la nouvelle à ceux qui dorment ? » Et de la croix on entendit la réponse : « oui ».

Evangile apocryphe de Pierre

La nature légendaire de ce récit est évidente. Les légendes sont colorées par des thèmes théologiques. Le récit de Marc par contre est presque austère par sa simplicité. Nous n’avons donc aucune raison de penser que les évangiles ont été embellis.

Clément de Rome et Polycarpe de Smyrne, qui connaissaient probablement les apôtres personnellement, témoignent tous deux dans leurs écrits de la résurrection de Jésus.

Nous avons donc neuf sources que l’on peut classer en trois catégories (Paul, la tradition orale et la tradition écrite) et qui présentent plusieurs témoignages de la résurrection de Jésus après sa mort suite à la crucifixion. Nous pouvons les considérer comme crédibles, car elles sont proches de l’évènement.

Norman Perrin, spécialiste américain du Nouveau Testament qui enseignait à l’université de Chicago dans les années 70, a écrit :

Plus on étudie la tradition concernant les apparences (de Jésus après sa résurrection), plus le rocher sur lequel elle est fondée devient visible.

Norman Perrin, The Resurrection according to Matthew, Mark, and Luke (Philadelphia : Fortress Press, 1977)

Le tombeau vide

Même parmi les érudits les plus sceptiques vis-à-vis du christianisme, le tombeau vide de Jésus est classé parmi les faits bien établis concernant le Jésus historique. Cette conclusion est basée sur les preuves suivantes :

  1. La fiabilité historique du récit de l’ensevelissement ;
  2. Le témoignage de Paul ;
  3. Le témoignage des adversaires ;
  4. La découverte du tombeau vide par des femmes.
La fiabilité historique du récit de l’ensevelissement

Comme nous l'avons déjà vu précédemment, les récits des évangiles peuvent être considérés comme des documents historiques, car basés sur les sources premières et extrêmement proches du temps des événements décrits. Si donc le lieu d’ensevelissement de Jésus était connu de ses disciples et des Juifs, on peut facilement déduire l’historicité du tombeau vide. Si Jésus n’était pas réellement ressuscité alors que le site de son ensevelissement était parfaitement connu :

Pour ces trois raisons, l’exactitude du récit de l’ensevelissement atteste l’historicité du tombeau vide. Selon John Robinson de l’Université de Cambridge, l’ensevelissement de Jésus dans le tombeau est « l’un des faits les plus anciens et le mieux attesté que nous avons au sujet de Jésus ».

Le témoignage de Paul

On peut mentionner deux aspects de la preuve apportée par Paul :

Le témoignage des adversaires

Si un garçon dit que son père est le meilleur nageur du monde, son témoignage peut être vrai, mais nous accepterons certainement son avis, qu’avec beaucoup de réserve. Puisque le fils aime son papa, son témoignage peut être facilement teinté par l’affection qu’il a pour son père. Par contre, si un champion du monde de natation nous dit qu’il n’est plus le meilleur nageur du monde parce qu’il a été battu par le père du garçon lors de la dernière compétition, nous accepterons plus facilement son témoignage, car il n’a pas nécessairement d’affection pour le père du garçon et de plus, il doit certainement en vouloir à cet homme, responsable de sa défaite.

Le tombeau vide n’est pas seulement attesté par les sources chrétiennes. Les adversaires de Jésus l’admettent aussi, bien qu’indirectement. Les premiers contestateurs de la résurrection de Jésus n’ont pas présenté un tombeau avec le corps mort de Christ, mais ils ont accusé les disciples de Jésus d’avoir volé son corps :

Ceux-ci, après s'être assemblés avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme d'argent, en disant : Dites : Ses disciples sont venus de nuit le dérober, pendant que nous dormions.

Matthieu 28.12-13

Justin de Naplouse, apologète et philosophe chrétien qui a vécu au début du IIe siècle, dans son ouvrage « Dialogue avec le Juif Tryphon », évoque la même accusation de vol du corps de Jésus par ses disciples :

Non-seulement vous n'avez pas fait pénitence quand vous avec su qu'il était vraiment ressuscité, mais encore, ainsi que je vous l'ai déjà reproché, vous avez préposé des hommes de votre choix pour aller publier par toute la terre qu'un imposteur du nom de Jésus avait formé une secte d'hommes impies et sans loi ; que ce Jésus avait été crucifié, et que ses disciples l'avaient enlevé pendant la nuit du tombeau où il avait été déposé après qu'on l'eut détaché de la croix ; qu'ils trompèrent les hommes en publiant qu'il était ressuscité d'entre les morts et monté au ciel. Vous n'avez pas craint d'ajouter que ce Jésus enseignait lui-même, je ne sais quels dogmes impies, affreux, exécrables, dogmes que vous inventez et que vous débitez partout pour soulever l'indignation publique contre ceux qui professent que Jésus est vraiment le Christ, le maître par excellence, le fils de Dieu.

Justin de Naplouse, Dialogue de saint Justin avec le Juif Tryphon, Chapitre 108

Tertullien, un des pères de l’église a écrit au début de IIIe siècle :

Mais non, j'aime mieux attacher un insatiable regard sur ces monstres d'inhumanité qui s'attaquèrent autrefois au Seigneur : « Le voilà, leur dirai-je, ce fils d'un charpentier ou d'une mère qui vivait du travail de ses mains ! Le voilà ce destructeur du sabbat, ce Samaritain, ce possédé du démon ! Le voilà celui que vous avez acheté du perfide Judas ; celui que vous avez déchiré sous vos coups, insulté par vos soufflets, déshonoré par vos crachats, abreuvé de fiel et de vinaigre ! Le voilà celui que ses disciples ont dérobé secrètement pour propager le mensonge de sa résurrection, ou qu'un jardinier a déterré furtivement, afin d'empêcher sans doute que les laitues de son jardin ne fussent foulées aux pieds par la multitude des passants.

Tertullien, Contre les spectacles, Chapitre 30

La toute première opposition contre la résurrection de Jésus du côté de ses adversaires, cible l’absence du corps dans le tombeau. Ces données doivent être jugées comme dignes de confiance puisqu’elles proviennent de la partie hostile aux chrétiens. Selon D. van Daalen :

Pour des raisons historiques, il est extrêmement difficile de soulever une objection contre le tombeau vide ; ceux qui le nient le font en fonction de suppositions théologiques ou philosophiques.

D. van Daalen, The Real Resurrection, London, Collins, 1972
La découverte du tombeau vide par les femmes

Si l'on invente une histoire dans le but de convaincre quelqu’un, on n’utilisera certainement pas des détails nuisant à la crédibilité de cette histoire. Ou si l'on invente par exemple lors d’un entretien d’embauche, que l’on possède déjà une expérience dans le domaine de l’emploi pour lequel on postule, on ne rajoutera certainement pas que cette expérience fut mauvaise ! Cela ne persuaderait aucunement le recruteur.

Pourtant, quand nous regardons les récits des évangiles, ce sont les femmes qui ont découvert le tombeau vide. Les hommes arrivent seulement plus tard sur la scène. Cela serait une invention fortement contreproductive puisque dans la culture juive, comme dans la culture romaine, les femmes et leurs témoignages étaient considérés comme inférieurs à ceux des hommes. Pour bien comprendre ce point, il faut rappeler la place des femmes dans la société juive du première siècle :

Mieux vaut brûler les paroles de la loi que de les remettre à une femme.

Talmud, Sotah 19a

Heureux l’homme qui a des fils, mais malheureux celui que a des filles.

Talmud, Kiddushin 82b

On ne se fiera pas à un témoin unique ; il en faut trois ou au moins deux dont le témoignage sera garanti par leur vie passée. Les femmes ne rendront pas de témoignage, à cause de la légèreté et de la témérité de leur sexe.

Josèphe Falvius, Antiquités judaïques, Livre VI, Chapitre 8

Compte tenu du fait que les disciples de Jésus étaient Juifs, cette information nous aide à comprendre le contexte de Luc 24.11 : « Ils tinrent ces discours pour des rêveries, et ils ne crurent pas ces femmes. » Le mot traduit par « rêverie » en grec λῆρος (lēros) signifie littéralement « folie » ou « sottises ».

A la lumière de ces faits, cela devrait plutôt sembler incroyable que dans tous les quatre évangiles, nous voyons des femmes découvrir le tombeau de Jésus vide. Un récit inventé ou une légende plus tardive aurait certainement donné la préférence aux hommes, comme Pierre et Jean, pour la découverte du tombeau vide. Mais le fait que, dans chacun de ces quatre récits, l’on n’ait pas nommé des hommes mais des femmes comme témoins principaux du tombeau vide (alors qu’elles n’étaient pas considérées comme des témoins valables), s’explique le mieux par le fait, qu’on l’accepte ou non, que ce sont bien des femmes qui ont découvert le tombeau vide. Les auteurs des évangiles rapportent simplement ce qui était arrivé, même si pour eux, ce fait était plutôt défavorable et embarrassant.

L’origine de la foi chrétienne

Après la mort de Jésus, ses disciples ont été transformés jusqu’au point, d’être prêts à souffrir et à mourir pour leur foi en Jésus ressuscité. Leur courage après la résurrection de Jésus est d'autant plus étonnant si on le compare avec leur comportement pendant l’arrestation et l’exécution de Jésus où ils l’avaient tous abandonné et nié, et qu'ils se cachaient par crainte d'être persécuté. Leurs nouvelles réactions étaient cohérentes avec la situation de Jésus ressuscité ; ils démontraient par là qu'il s'était passé pour eux un évènement impressionnable au point d'engendrer immédiatement et collectivement des comportements courageux et fermes.

Imaginez-vous la situation des disciples après l’exécution de Jésus ? Leur chef était mort, et les attentes messianiques des Juifs ne contenaient aucune notion d’un Messie qui, au lieu de triompher des ennemis d’Israël, subirait une mort honteuse comme criminel aux mains de ses ennemis. (Luc 24.21)

Selon la loi de l’Ancien Testament, l’exécution de Jésus démontrait que Jésus était un hérétique, un homme littéralement maudit de Dieu, car « pendu » au bois. (Galates 3.13 ; Deutéronome 21.23)

Malgré tout cela, les mêmes disciples commencent quelques jours plus tard à proclamer publiquement et sans crainte, Jésus ressuscité. Ces faits sont validés par plusieurs témoignages, dans les récits du Nouveau Testament aussi bien que dans les sources extrabibliques.

Dans le livres des Actes, on trouve plusieurs passages qui parlent des disciples qui étaient prêts à souffrir à cause de leur foi en Jésus ressuscité (Actes 4.10, 18-20 ; Actes 5.41-42 ; Actes 12.1-2).

Clément de Rome nous donne des informations sur les souffrances et le martyre de Pierre et de Paul dans son épître aux Corinthiens, chapitre 5, que l’on a déjà mentionnés auparavant. Les souffrances ainsi que la mort en martyr des témoins de la résurrection de Jésus, sont aussi attestées par Polycarpe et Ignace.

Tertullien nous donne quelques détails sur les circonstances de la mort de Pierre et de Paul :

Eh quoi donc ! Les épîtres des Apôtres sont-elles si variables ? âmes simples et colombes innocentes jusqu'ici, nous sommes-nous jetés volontairement dans l'erreur par je ne sais quel désir de vivre ? Qu'il en soit ainsi, je l'accorde. Dépouillons la lettre de son sens légitime. Toutefois, nous connaissons les tribulations des Apôtres ; cette doctrine est palpable ; pour la comprendre, il me suffit de parcourir le livre des Actes. Je n'en demande pas davantage ; j'y rencontre partout des cachots, des fers, des flagellations, des lapidations, des glaives, des Juifs qui insultent, des nations qui se lèvent avec fureur, des tribuns qui diffament, des rois qui interrogent, des proconsuls qui dressent leurs tribunaux. Qu'est-il besoin du nom de César pour servir d'interprète ? Pierre est mis à mort ; Etienne lapidé, Jacques immolé, Paul étendu sur le chevalet avant d'être décapité ; voilà des faits écrits dans le sang. L'hérétique veut-il des preuves à l'appui de ces livres ? Eh bien !

Tertullien, Le Scorpiâque, Antidote Contre La Morsure Des Scorpions, Chapitre 15

Un autre père de l’église, Origène (185-254), a écrit :

Et faut-il s'étonner que Jésus n'ait pas évité des maux qu'il avait prévus, puisque Saint Paul, son disciple, ayant été averti de ce qui lui devait arriver à Jérusalem, alla bien affronter le danger qui l'y menaçait, et blâma les larmes de ceux qui voulurent le détourner de son dessein (Actes 21.12) ? Combien même y en a-t-il eu parmi nous qui, se voyant près de mourir pour la profession du christianisme, et sachant que, s'ils y renonçaient, on les remettrait en liberté et en la jouissance de leurs biens, ont méprisé leur vie et se sont volontairement abandonnés à la mort pour la piété ?... Mais il ne faut d'ailleurs que considérer à quels dangers ses disciples s'exposèrent, lorsqu'ils entreprirent de répandre sa doctrine dans le monde, malgré le peu de disposition que les hommes avaient à la recevoir, et l'on sera contraint d'avouer qu'ils ne l'eussent jamais prêché avec une résolution si ferme et si constante, s'ils eussent été les inventeurs de la résurrection de Jésus. Car ils ne portaient pas seulement les autres à mépriser la mort, ils s'y exposaient eux-mêmes les premiers.

Origène, Contre Celse, Livre II

Eusèbe (263-339), élève d'Origène et l’auteur de nombreuses œuvres historiques, a écrit l’histoire de l’église de son origine jusqu’à l’époque de la rédaction de son œuvre « L’Histoire de l’église ». Eusèbe avait une multitude des sources à sa disposition, dont la plupart sont perdues aujourd’hui. Concernant le martyre de Pierre et de Paul, il cite Denys de Corinthe (écrit en 170), Tertullien (écrit en 200) et Origène (écrit en 230-250). Il cite aussi Josèphe (écrit en 95), Hégésippe (écrit en 165-175) et Clément d’Alexandrie (écrit en 200) au sujet du martyre de Jacques, frère de Jésus.

Toutes ces sources bibliques et extrabibliques attestent que les disciples étaient prêts à souffrir et à mourir en proclamant Jésus ressuscité. Certains peuvent contester que des adeptes d’autres religions furent aussi prêts à souffrir et à mourir pour ce qu’ils croyaient. La foi sincère n’est pas encore une preuve en soi. Même des athées communistes étaient prêts à se sacrifier pour la cause du communisme. Cela peut être entendu, mais la volonté de proclamer Jésus ressuscité face aux persécutions et à la mort; démontre clairement que les disciples étaient convaincus que Jésus était réellement ressuscité. Ceux qui se font exploser aujourd’hui au nom d’un dieu, doivent faire confiance en une longue chaîne de transmission de leur croyance en espérant qu’on ne les a pas trompés. Les disciples de Jésus étaient prêts à mourir non à cause d’une croyance fondée sur une tradition et le témoignage des autres, mais parce qu’ils étaient eux-mêmes les témoins oculaires de Jésus ressuscité. Leur dévouement jusqu’à la mort à proclamer le Christ ressuscité, prouve qu’ils n’ont pas inventé toute cette histoire pour un profit personnel. Par ailleurs, les menteurs sont de « mauvais » martyres.

Cette foi ferme des premiers chrétiens en la résurrection de Jésus ne pouvait pas non plus être le résultat de l’influence chrétienne vu qu’à cette époque-là, le christianisme n’existait pas encore. C’est la résurrection de Jésus qui donna la naissance au christianisme. Puisque la croyance en la résurrection de Jésus est le fondement de la foi chrétienne, il est donc impossible qu’elle soit issue de cette foi.

On ne peut pas affirmer que cette croyance en la résurrection de Jésus était due aux influences juives. Dans l’Ancien Testament, la résurrection des morts au jour du Jugement dernier est mentionnée à trois reprises (Ézéchiel 37.4-14 ; Ésaïe 26.19 ; Daniel 12.2). Pendant la période qui sépare l’Ancien Testament et le Nouveau Testament, la croyance en la résurrection se développe dans la communauté juive et on la retrouve dans la littérature judaïque de l’époque. Du temps de Jésus, le groupe religieux juif des Pharisiens maintenait la croyance en la résurrection et Jésus leur a montré son accord à ce sujet, s’opposant ainsi aux Sadducéens, autre groupe religieux important (Matthieu 22.23-33). La notion de la résurrection n’était donc pas nouvelle en soi.

Cependant, la résurrection de Jésus se distinguait de la conception juive de la résurrection à deux égards importants et fondamentaux. Dans la mentalité juive, la résurrection avait toujours lieu après la fin des temps et non pendant l’histoire, et elle s’appliquait toujours à tous les êtres humains et non pas à une personne individuelle. La résurrection de Jésus, au contraire, a eu lieu pendant l’histoire et pour une seule personne.

Le judaïsme antique n’a jamais connu une résurrection anticipée comme un événement de l’histoire. On ne trouve rien dans la littérature qui se compare à la résurrection de Jésus. On connaissait, bien sûr, des résurrections de morts, mais il était toujours question de réanimations, d’un retour à la vie terrestre. Une résurrection à la doxa (gloire) n’est jamais mentionnée dans la littérature judaïque ancienne comme un événement dans l’histoire.

Joachim Jeremias, Die älterste Schicht der Osterüberlieferung

Les disciples n’avaient aucune notion de résurrection d’un individu isolé et en particulier du Messie. S’ils n’avaient pas vu Jésus ressuscité, ils n’ont rien pu faire d’autre que de désirer ardemment la résurrection générale des morts pour revoir leur Messie. Pourtant l’histoire de l’église primitive démontre une toute autre réalité. Comme C.D. Moule l’a bien résumé :

Si la venue dans le monde du Nazaréen, phénomène attesté de façon indéniable par le Nouveau Testament ouvre une immense brèche dans l’histoire, une brèche ayant l’envergure et la forme de la Résurrection, quel moyen l’historien laïc propose-t-il pour la colmater ?... L’émergence et la croissance rapide de l’église de Christ [...] restent une énigme pour tout historien qui refuse de prendre au sérieux la seule explication offerte par l’Eglise elle-même.

C.F.D. Moule, The Phenomenon of the New Testament, Studies in Biblical Theology 2/1 (Londres : SCM, 1967), 3, 13

Conclusion

Nous venons d'examiner quatre preuves historiques acceptées par la majorité des érudits et même des érudits non-croyants. Dans notre approche, nous n’avons pas revendiqué l’inspiration divine de la Bible ; on ne peut donc pas rejeter la véracité de la résurrection de Jésus juste parce que l’on ne croit pas en la véracité des récits bibliques. Par contre, si des preuves historiques indiquent que Jésus est ressuscité exactement comme décrit dans les récits du Nouveau Testaments, pourquoi ne pas envisager un instant que le reste de la Bible est également exact ?

En résumé, revenons aux événements attestés historiquement :

  1. Premièrement, nous avons plusieurs sources bibliques et extrabibliques qui attestent la condamnation et la mort de Jésus de Nazareth sur la croix à Jérusalem.
  2. Deuxièmement, nous avons de multiples témoignages de personnes qui affirmaient avoir vu Jésus ressuscité après sa mort.
    1. Parmi ces témoignages, nous avons le témoignage de Saul de Tarse, un persécuteur des premiers chrétiens qui s’est converti suite à une apparition de Jésus ressuscité sur le chemin de Damas (Actes 9.5). Saul, qui par la suite est devenu l’apôtre Paul, avait reçu les témoignages personnels des disciples de Jésus sur ses apparitions pendant quarante jours après sa mort.
    2. Le témoignage des apôtres sur la résurrection de Jésus a été transmis et préservé parmi les premiers chrétiens dans une tradition orale, tel qu'on le trouve dans une des épitres de Paul (1 Corinthiens 15.3-5).
    3. Tous les quatre évangiles, ainsi que plusieurs pères de l’Eglise qui avaient des contacts personnels avec des disciples de Jésus, affirment la résurrection de Jésus après sa mort.
  3. La disparition du corps de Jésus du tombeau exige une explication.
    1. Les disciples n’auraient jamais pu croire en la résurrection de Jésus si son corps était resté dans le tombeau. Si le corps de Jésus existait encore, tout ce que les adversaires des premiers chrétiens auraient pu faire, c’était montrer le tombeau avec le corps de Jésus mort pour anéantir la foi en Jésus ressuscité.
    2. Le credo de la foi chrétienne en Jésus ressuscité, cité par l’apôtre Paul dans l’un de ses épîtres, date probablement des premières années après la mort de Jésus et présente donc une source digne de confiance concernant Jésus de Nazareth (1 Corinthiens 15.4) car proche des évènements.
    3. Une des premières explications des adversaires pour le tombeau vide, était que les disciples de Jésus avaient volé son corps. Cette accusation de la part des adversaires atteste bien que le tombeau était vide et le corps introuvable.
    4. De plus, c’étaient des femmes qui ont découvert le tombeau vide. Si l’histoire de la résurrection de Jésus n’était qu’une invention de ses disciples, on n’aurait jamais placé des femmes comme témoins de sa résurrection, puisque leurs témoignages n’avaient pas beaucoup de valeur dans la société de l’époque.
  4. Finalement plusieurs sources bibliques et extrabibliques attestent que les disciples étaient prêts à souffrir et à mourir en proclamant Jésus ressuscité. Leur foi en la résurrection de Jésus n’était pas fondée sur une tradition ou témoignages d'autres personnes, mais sur leur propre expérience. Mis à part l’apôtre Jean, tous les autres disciples de Jésus ont subi une mort en martyr pour leur croyance en Jésus ressuscité. Rien ne peut mieux expliquer la fermeté de leur foi qui allait jusqu’au mépris de la mort, que le fait qu’ils ont réellement vu Jésus ressuscité.

Bien sûr on pourrait soulever quelques objections sur l’un ou l’autre point. Mais on ne peut pas tous les rejeter, juste parce que l’on considère à priori la résurrection de Jésus comme impossible. Il faut trouver une explication logique basée sur les preuves historiques et non sur les préférences personnelles. La résurrection de Jésus peut être vraie ou fausse et cela, pour tout le monde, mais elle ne peut pas être vraie pour les uns et fausse pour les autres. La revendication de la foi chrétienne n’est pas basée sur une préférence subjective comme le goût préféré pour la glace à la vanille, mais sur un événement historique. Si Jésus est réellement ressuscité, le christianisme est vrai, et cela est vrai pour tout le monde et avec des conséquences réelles. Si Jésus n’est pas ressuscité, la foi chrétienne n’a aucune valeur (1 Corinthiens 15.17) et cela aussi, pour tout le monde. Toutefois, les preuves historiques plaident fortement en faveur de la véracité de la résurrection de Jésus de Nazareth.

Si à la vue de ces évidences vous êtes convaincu que Jésus est réellement ressuscité, sa mort et sa résurrection auront une grande importance pour vous personnellement. Voici encore une fois ce que le credo chrétien, cité par l’apôtre Paul, nous dit :

Je vous ai enseigné avant tout, comme je l'avais aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures ; qu'il a été enseveli, et qu'il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures ; et qu'il est apparu à Céphas, puis aux douze.

1 Corinthiens 15.3-5

Le Fils de Dieu est venu dans ce monde en la personne de Jésus de Nazareth pour donner sa vie comme rançon pour nos péchés. Christ est aussi mort pour vos péchés. Remerciez-le parce qu’à la croix, il a subi la punition à votre place en détournant ainsi de vous la colère de Dieu contre tout le mal que vous avez fait dans votre vie. Jésus est ressuscité le troisième jour pour vous donner ensuite la vie éternelle. Demandez-le d’entrer dans votre vie pour être votre Seigneur et Sauveur.

Jésus a dit :

Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?

Jean 11.25-26

Si vous le croyez, vous avez la vie éternelle, et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur Jésus d'entre les morts, vous ressuscitera aussi par sa puissance (1 Corinthiens 6.14).

Albert KLOSTER

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